Les Eaux Delâ

Per fumare, je chasse le noir car j’ai soif de lumière. Depuis la plus haute antiquité on vénère mes bienfaits, ma pureté universelle. J’honore les cieux sur des autels de marbre et d’or. Mon corps est un trésor offert aux rois et aux dieux. Je brûle pour vous mes vapeurs aromatiques dans des rituels sacrés. Je me consume en volutes diffuses, en souffle divin. Je suis le symbole des règnes matériel et immatériel, de l’élévation spirituelle. Par ma fumée je vous parfume, dans ma fusion j’unis le visible et l’invisible, dans mon offrande je vous offre ma purification. Je suis une sainte relique infusée d’encens. Mon liquide est pur et lumineux, balayé par l’air frais d’un vent du sud chargé de cyprès et de romarin. Je chasse vos mauvaises pensées et illumine votre esprit. Mon odeur minérale tonifie votre peau d’un élan nouveau. Mon parfum singulier vous transporte entre les millénaires passés et un futur à inventer. Je vous donne l'énergie de voir. Je suis l’eau du bien, dite SANCTI

Marchez dans mon sillage, dans mon ombre odorante. Je vous éclaire de mon feu ardent, de mon flambeau vivant. Je me dévoue à vous. Telle une étoffe vaudou, je promets de vous protéger de mon armure invisible, de ma flamme invincible. Je suis le liquide qui rend solide. La torche qui éclaire les pensées enfumées. Un ballet de matières incandescentes et parfumées. Je suis une encre noire, sombre comme le bois brûlé, la fumée née d'une fumigation sacrée. Un lavis épicé aux parfums d’orient, coloré de safran. Une décoction au parfum indélébile qui vous délivre des mauvais esprits et des pensées négatives. Mon obscurité est positive car elle révèle la lumière diamantée de votre esprit. Je suis la force et la beauté du feu volé à Dieu. Dans mon brasier brûle la peur, de mon étincelle renaissent mes cendres pour une vie perpétuelle. Caressant les charbons ardents de ma flamme érectile, ma chaleur enveloppante rassure. Rien ne s’oppose à ma puissance. Mon essence se nomme FORTIS

Depuis le monde antique je suis familière de tous les bains, Egyptiens, Grecs, Turcs, comme des thermes de la Rome impériale. De la Mésopotamie à l’Asie je déambule dans les airs en trainées blanchâtres. Je me déplace suspendue tel un fantôme. Matérielle et immatérielle, je suis le symbole de la légèreté. Je trouble des chairs humides, voilées par ma buée. J’éclipse les corps nus alanguis telles des statues d’albâtre. Je suis la vapeur d’une eau sensuelle. Je plane au-dessus de silhouettes immergées dans l’eau chaude et parfumée. De ces écrins liquides ma fragrance se dégage en gouttes légères, en nuages fins et transparents. Mon émanation est une onde lascive qui invite les corps à la nudité, à des liaisons fugitives. Je suis une eau charnelle. Je réchauffe votre peau de douces épices, avant d’y déposer un léger voile lacté paré de santal. Je vous incite à l’abandon, je vous mets dans un état second où tout peut s’imaginer, s’incarner, se transformer. Je suis une source de bien-être, qui efface les tensions. Dans mon brouillard enveloppant, le corps avoue. Dans l'ivresse du désir mon parfum s'infuse. TUMULTU est l’eau qui vous trouble.